Cléguerec 2012 : un moment convivial, combatif et constructif !

Lors d'un pot entre amis rassemblant une soixantaine d’élus et militants du Morbihan à la Maison du peuple, rue du Paradis au bourg de Cléguérec, Daniel Gilles est intervenu :

Ci-après l’essentiel de son intervention

Cher-e-s ami-e-s,

C'est pour moi un vrai plaisir de répondre à l'invitation de nos hôtes de ce soir Daniel et Ginette dans cette Maison du Peuple de la rue du Paradis au bourg de Cléguérec, lieu où nous avons souvent vécu des moments de convivialité et d'amitié en lien avec les batailles politiques auxquelles nous avons participé.  Un rassemblement amical et symbolique dans ce département du Morbihan

qui vient de vivre deux nouvelles séquences politiques particulièrement intéressantes et où nous avons assisté à un vrai basculement, confortant un mouvement très fort dans toute la Bretagne et participant de deux victoires de la gauche au plan national

Permettez moi de revenir un peu en arrière,

Nous n'avons pas tous le même âge le même itinéraire, mais c'est vrai que nous avons, comme beaucoup des amis présents aujourd'hui, toujours  milité et agi pour essayer de faire du bien, de travailler au plan local dans les collectivités et participé aux mouvements et évènements politiques nationaux avec au cœur l'idée du progrès, de la justice sociale, de la démocratie et même si parfois les sensibilités, les histoires, les itinéraires sont forcément divers et pluriels, nous avons toujours recherché le rassemblement le plus large des forces de gauche et de progrès, le rassemblement populaire mais tolérant pour venir ensemble  à bout de la droite, de l'extrême droite et des forces d'argent.

Ainsi, déjà dans les années 70 qui allaient mener vers 80 et 81, nous avions connu depuis 58, et l'instauration de la 5e République avec une Constitution taillée sur mesure pour le pouvoir personnel, le coup d'Etat permanent disait François Mitterrand, nous avions connu 23 ans de droite, l'explosion de 68 et les premières crises pétrolière et économique après les 30 glorieuses.

Il y avait alors déjà fortement l'idée du changement, les 131 propositions et les 110, « l'Espoir au présent » et « Changer la vie ici et maintenant », pour la première fois le 10 mai une majorité de français donnait à la France par le suffrage universel, un Président de la République de gauche et dans la foulée un Gouvernement de gauche et pluriel.

Je me rappelle avoir fait la fête, vous aussi surement.

Les années suivantes nous avons poursuivi évidemment nos engagements en étant heureux des avancée sociales que la gauche mettait en œuvre, en n'appréciant pas à l'époque ni tournant de la rigueur ni une  certaine acceptation trop conciliante d' une Europe construite par des forces très libérales,  par  les forces de l'argent, sans un véritable projet humain culturel et social ni même véritablement économique,

C'est pour ma part  en progressant dans l'action associative syndicale et l'action publique à Lorient avec beaucoup d'entre vous, que j'ai eu la chance de rencontrer Jean-Yves Le Drian alors député maire de la cité aux 5 ports. Il s'en est suivi un certain compagnonnage de 30 ans, même si parfois comme disait quelqu'un l'union ressemblait à un combat,(je me rappelle de candidatures avec Jean Maurice).

Chacun sait que j'ai longtemps été un animateur honorable, avec un certain nombre d'entre vous dans le département, d'un PCF, qui certes a vu son influence s'étioler mais a marqué pas mal la France et le 20e siècle avec ombres et lumières, que pas mal d'entre nous ont continué à faire vivre de manière assez convenable par ici jusqu’à ces dernières années.

Dans ce mouvement et cette culture nous avons rencontré beaucoup de gens très généreux comme d'ailleurs dans la gauche bretonne, chez les socialistes et chez beaucoup  de démocrates et d'hommes et de femmes de bonne volonté, comme chez beaucoup d'acteurs du mouvement social. Comme beaucoup  d'entres vous, nous en avons partagé des joies, des avancées de la gauche durant ces dernières décennies et vécu aussi certains reculs douloureux. 95, 2002 ou 2007.

Nous avons participé durant cette longue périodes à ce que le Télégramme décrivait justement l'autre jour comme un long basculement de la Bretagne à gauche qui, terre réputée conservatrice a connu une évolution régulière s'appuyant à la fois sur l'histoire, sur l'identité et la sociologie de notre région.

Même si le Morbihan pouvait pendant un certain temps être classé en bas à droite, des changements importants ont eu lieu. Rappelons nous les municipales de 95 ou toutes les villes du

Morbihan a l'exception de Vannes passaient à gauche et si Lorient, Lanester, Hennebont confirmaient leur tradition, Auray, Ploemeur et Pontivy   se donnaient des municipalités d'union de la gauche. Elles y sont restées depuis. Depuis aussi, le poids des intercommunalités s'est accentué.

Bien sur au plan national nous avons vécu  mal très mal le terrible échec de 2002 qui fit que la droite et une extrême droite surfant sur les crises, les difficultés et les divisions, se retrouvèrent au 2e tour, nous avons ainsi connu 17 années de présidence de droite et surtout l'aggravation inouïe des 5 années de sarkozysme qui a fait tant de mal à la France, aggravé les maux de la société et de notre économie, cassé bien des valeurs de la République, servi la finance et le MEDEF et enfoncé tellement de famille et la jeunesse dans les difficultés et l'absence de perspective.

Cependant la Bretagne n' a jamais approuvé le sarkozysme et l'indécence de l'argent roi et du monde de la finance. Sans doute parce que les bretons sont des gens solides, têtus dit-on, courageux, tenaces. Ils préfèrent le travail, l'esprit d'entreprise de ceux qui donnent aux autres plutôt que de se servir, qu'ils sont plutôt tolérants et ouverts aux autres.

Les bretons n'ont jamais apprécié l'arrogance le « blinbling » et le mépris affiché a leur égard.

Ils ont, aux présidentielles d'avril et de mai infligé un peu partout et  même globalement dans le Morbihan comme dans l'ensemble de la Bretagne des scores sans appel en faveur de François Hollande,  pour beaucoup d'entre nous et même si rien n'est jamais sur, ce n'était pas, vraiment, une surprise puisque nous avions déjà connu, d'une part la résistance progressive et tenace d'une majorité toujours plus grande des élus et nombre d'hommes et femmes engagés, face à des réformes territoriales et fiscales visant à corseter l'action publique, qui ne l'oublions pas, permet de réaliser les équipements et infrastructures utiles aux populations, les actions sociales et de solidarité, les services publics , l'éducation la recherche le logement la santé... et permet d'accompagner le développement des territoires, leur aménagement et leurs porteurs de projet.

Le rejet de ces réformes, qui au passage visaient en particulier les régions, trop à gauche, a été grand. On l'avait vu lors de venue éclair  de Sarkozy à Josselin l'an dernier. Les réponses méprisantes et creuses aux maires du département avaient fini d'écœurer même de très nombreux élus pas absolument catalogués a gauche !

Un peu plus tard il y avait eu les sénatoriales à l'automne dernier. Un moment fort qui avait résonné dans toute la France et contribué à la bascule historique du Sénat. Je ne résiste pas a vous lire trois phrases de l'article du Télégramme sur l'évolution électorale du Morbihan et de la Bretagne :

Le 19 juillet 1848, le Président de la République Louis Napoléon assigne a résidence dans le Morbihan un certain Karl Marx fauteur de troubles sans doute et mal pensant surement. Lauteur du « capital » préfère quitter la France plutôt que de se rendre dans ce qu'il qualifie de « Marais pontins » de la Bretagne à l'image de cette région italienne insalubre et malsaine, de surcroit dans une zone encore très marquée par la chouannerie. Nul doute, poursuit le journaliste, que Karl Marx aurait été surpris de voir un candidat communiste Michel Le Scouarnec être élu sénateur en 2011 avec ses camarades Odette Herviaux et l'étonnant Joël Labbé. Nous avions à l'automne dernier dignement fêté ce grand chelem à Ploeren avec les sénateurs beaucoup d'élus de gauche et aussi  avec Corentin Hily notre regretté Corentin a qui le peuple de Ploeren et bien plus largement tous ceux qui l'avaient connu ont rendu un immense hommage aux couleurs des roses rouges qu'il avait souhaité, le mois dernier. J'avais essayé un peu en votre nom et a la demande de la famille, avec d'autres, de retracer le parcours de cet homme de cœur et de conviction.qui avait été heureux le 6 mai , en plus c'était la date de son anniversaire mais n'aura pas pu être avec nous ce soir pour fêter le changement il n'aurait pas détesté en particulier la défaite de Goulard sur Vannes

Puisque j'ai dit un mot sur Michel Le Scouarnec,  je veux dire qu'il m'a demandé de s'excuser il est au Sénat, qu'il est de tout cœur avec nous, qu'il avait indiqué qu'il quitterai sa fonction de maire d'Auray qu'il a rempli pendant 17 ans, c'est un duo formé de l'ancien premier adjoint Guy. Roussel et du nouveau premier adjoint Daniel Gentil qui va lui succéder.

Les sénatoriales dans le 56 l'an denier  ont traduit chez lzs grands électeurs le mouvement en profondeur que nous avions aussi enregistré aux régionales derrière Jean-Yves Le Drian, les campagnes et les victoires  aux régionales de 2004 sur Jocelyn de Rohan, le duc comme on disait, confortée en 2010 face à la préfète Malgorn qui dut se contenter d'un tiers des voix sans doute le score le plus bas de l'hexagone et de l'histoire en Bretagne.

Jean-Pierre Le Roch, Sophie Lemoine,  Daniel Kerjean,  Michel et moi même,  étions   sur la liste du Morbihan avec notamment Odette Herviaux en 2004 ou Beatrice Lemarre en 2010.

Je dois dire que le travail ne manque pas à la Région mais que nous avons toujours beaucoup de volonté de bien faire pour la Bretagne, et je crois que malgré un manque de moyens financiers a ce niveau des institutions, nous souhaitons que le changement et une réelle décentralisation, une réelle régionalisation fasse évoluer les choses, nous faisons plutôt du bien pour les bretonnes et les bretons pour les territoires et que nos entendons continuer

Au bureau de la Région, Jean-Pierre Le Roch et moi siégeons côte à côte. Ca augmente les liens et même si nous sommes toujours attentifs aux informations et élans que nous donne le président, et aux nombreux sujets d'action que nous donnent nos compétences et celles que nous avons choisi,  (de BGV, aux ports et canaux, des aéroports à l'installation de la fibre optique dans tous les foyers en passant par les lycées, les équipement culturels, sportifs structurants dans les pays, les aménagements, comme les politique de formation, de recherche, de développement, d'innovation, le soutien aux filières économiques, mais aussi les politiques de qualités dans maints domaines de l'environnement  des services publics, la culture, du tourisme au sport …

 Toujours au moment de fêter les sénatoriales il y a 8 mois, j'avais pu souhaiter que l'on continue sur notre lancée aux législatives en visant partout la victoire. J'aurais pour ma part souhaité un accord politique plus profond et plus large en Bretagne et en France. Au terme d'une campagne faite sur l'erre de la présidentielle dans les 6 circonscriptions du 56 nous avons pu réussir à ce que s'exprime la volonté d'amplifier fortement le rejet de Sarkozy de l'UMP, de la droite flanquée de l'extrême droite et  par delà les différents choix du 1er tour. Je pense bien sur à certains de nos amis qui ont choisi le Front de Gauche ou d'autres expressions diverses à gauche, le second tour permit partout de se rassembler  pour gagner,  le changement dans les circonscription du Morbihan qui était à notre portée se transforma presque partout en réalité

C'est ainsi que M. Bleunven qui n'était sans doute pas le pire mais qui était un obligé de Goulard au département, de la droite et voulait prendre la suite de Lorgeoux ou Cavaillé, a été battu.

Oui Jean-Pierre Le Roch est devenu député avec 53 %. C'était mérité et symbolique. Nous souhaitions aussi qu’Hervé Pellois vienne a bout de Goulard, ce fut un autre coup de tonnerre et mérité. Aussi, que Guéant le fils du sinistre père, soit battu. Ce fut le cas avec Paul Molac homme de gauche enraciné, plutôt régionaliste et dans  la circonscription d'ici, celle qui va de Guidel à Cléguérec nous avons ensemble en s'y mettant tous dit merci à Jacques Le Nay qui souhaitait l'an dernier devenir sénateur mais qui, éconduit, voulait rempiler une 5e fois au Palais Bourbon… Il ne le fera pas ! Nous aurions aimé que Nathalie Le Magueresse puisse apporter sa pierre à la féminisation de l'Assemblée qui, du fait du mode de scrutin et de l'absence de proportionnelle   restera bien loin de la parité, en battant le candidat de droite bien a droite de Plumergat qui est arrivé de rassembler derrière lui la droite l'UMP et l'extrême droite.

Avec Lorient qui a confirme le député de gauche le Morbihan a bien renversé la donne ( 5 députés de gauche contre un à droite alors que c’était l'inverse auparavant. Si on compte le total des parlementaires, avant c'était 8 à 1 pour la droite maintenant c'est 8 à 1 pour la gauche avec 1 PCF, 1 Vert, 1 Régionaliste, 4 PS.et un Divers Gauche.

En Bretagne c'est la même évolution qu'on a observé. Désormais il y a 22 députés de gauche contre 5 de droite. En France, vous le savez, la majorité est nettement à gauche à l'assemblée avec un groupe PS majoritaire, un groupe communiste qui a perdu pas mal d'unités ce qui n'est surement pas équitable mais résulte a la fois d'un système électoral qui excluant la proportionnelle accroit grossièrement le bipartisme et, dans ce cadre, aussi surement la mauvaise stratégie d'un Front de Gauche étroit, le manque de recherche d'union sur la base d'un projet travaillé en commun et une attitude assez grossièrement hostile aux socialistes de la part en particulier de Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche et de certains dirigeants du PCF a accentué le mauvais résultat.

Il faudra désormais aux députés élus, je pense à mes vieux amis comme, André Chassaigne président du groupe et à ceux du Morbihan comme les autres, travailler au sein d'une majorité de gauche et de progrès plurielle, nécessaire pour impulser avec le nouveau Président de la République et le nouveau Gouvernement Ayrault, le changement en restant fidele aux engagements et en lien avec le peuple.

Oui il y a bien besoin de pousser le changement et mener les réformes, assurer plus de justice sociale et fiscales.

Certaines premières mesures sur les retraites, les salaires mirobolant des grands patrons, sur la fiscalité ou sur les postes dans l'éducation engagent le mouvement mais oui il y aura besoin d'aller plus loin tout en rétablissant les équilibres publics, en faisant abonder davantage les revenus du capital ou les grandes fortunes à l'effort de tous, en relevant les salaires, les allocations en solidifiant le système de santé, en menant les réformes pour permettre une action publique efficace et décentralisée, pour pousser la croissance et, comme on dit, le redressement productif. Ici nous savons les mauvais coups que produit l'ultralibéralisme dans l'agro comme dans les industries (nautisme à Lorient...).

Oui il faudra se battre aussi en Europe pour changer et en finir avec l'ultra domination de la finance, des logiques de concurrence libre et non faussée, du diktat des banques et de la BCE, pour au contraire réinventer un projet européen visant la croissance, des coopérations avec les autres continents, des grand travaux , une convergence sociale un projet du 21e siècle dans un monde qui a beaucoup changé mais pas souvent dans le bon sens.

Oui il faut faire revivre l'espoir pour tous ceux qui ont été délaissés oubliés, humiliés, qui subissent l'exploitation la précarité qui ne voient pas leur avenir. Je veux parler du monde du travail et de la création,  de la jeunesse, des gens d'ici, des retraités au ruraux de ceux des bourgs comme des quartiers des villes ….

Il y a un énorme  travail à continuer car les forces de l'argent, les privilégies de la fortune sont toujours là avec les médias domestiqués. Ils mettront toutes les entraves possibles a ce que l'on puisse revenir sur les décisions  néfastes qu'ils ont obtenus. Encore plus dès que l'on tentera d'inverser les tendances et de faire rentrer dans les faits un authentique changement.

La gauche devra aussi pousser, dès cet été, des évolutions institutionnelles, la Constitution, la décentralisation, réformer l'Etat …

Le gouvernement a du travail il y a 3 personnalités bretonnes qu'on connait bien (Vent d'Ouest). J'avais souhaité et je continue de souhaiter qu'il soit davantage pluriel, que notre sensibilité y soit représentée. Je regrette pour ma part le forcing inquiétant de Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche et de certains dirigeant du PCF qui ont toujours refusé d'agir dans l'exécutif, signe de leur dérive gauchiste et sectaire qui ne cesse de s'enkyster depuis 2002 environ, divisant les élus et les militants, faisant perdre de très nombreux sièges sans qu'une dynamique crédible voit le jour et se coupant largement des électeurs de gauche.

S'ils continuent dans cette voie en forme d'impasse, les prochains succès du Front de Gauche permettront, je le crains, de perdre une nouvelle et importante série de positions municipales et au Parti Communiste de s'effacer davantage.

Je sais que beaucoup de nos amis n'approuvent pas ces options ni les méthodes employées, ce n'est pas toujours facile. C'est bien en tous cas d'essayer ne pas se désunir, de poursuivre les actions concrètes en préparant déjà de nouvelles échéances locales municipales avec, dans les communes des listes très ouvertes horizon 2014 de créer ou participer à des associations, de soutenir et de se préparer à poursuivre l'action régionale, de préparer une conquête départementale dans le Morbihan, enfin en travaillant à élargir et bonifier notre association d'élus l'ADECR 56 et à participer aux initiatives progressistes.

J'espère que les Rencontres Vent d'Ouest pourront se tenir de bonne façon fin août à Lorient et qu'elles connaitront un succès. Je vous y donne rendez-vous.